10 janv. 2008

Passer ou ne pas passer l'agrégation...

Pourquoi mes collègues se cassent-ils la tête à préparer l'agrégation ?
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Certains m'expliquent sans rire qu'ils font ça pour s'instruire, devenir de meilleurs profs ! A la réflexion, cet argument me paraît trois fois scandaleux.

Scandaleux d'abord, parce que les collègues qui préparent cette épreuve, en général sur deux ans, sont amenés à négliger leurs cours... Certains prennent même des congés-maladie à l'approche des examens...

Scandaleux aussi, parce que cela suppose que les autres collègues ne chercheraient pas à se former. Pauvre de nous ! qui lisons des livres juste pour soi, qui voyons là notre honneur, notre devoir et notre joie. Crétins que nous sommes !

Scandaleux enfin, parce que le programme de l'agrégation est un affligeant pensum, spécialement conçu pour sélectionner les candidats sur ce critère sine qua non : leur aptitude à résister à la torture ! Je connais au moins mille et une meilleures façons de s'instruire...

En vérité, seul le mobile du gain justifie qu'on se soumette de son plein gré à ce type d'épreuve. Si les agrégés n'étaient pas mieux payés que les certifiés, il n'y aurait tout simplement pas de candidats... C'est d'ailleurs une grande source de satisfaction, pour moi, que d'observer avec quelle abnégation de grands hommes de gauche préparent l'agrégation...

Bien sûr, l'argent n'est pas tout. Il faut aussi compter avec le besoin de considération. Nombre de collègues passent l'agrégation pour le prestige qu'elle confère. Mais, si c'était la principale raison, on ne comprendrait pas que l'Etat paie les agrégés beaucoup plus que les certifiés : il suffirait de marquer la différence de statut en permettant aux premiers de porter un uniforme d'agrégé !
"C’est, à la vérité, une bien bonne et profitable coustume, écrivait Montaigne, de trouver moyen de recognoistre la valeur des hommes rares et excellens, et de les contenter et satisfaire par des payments qui ne chargent aucunement le publiq et qui ne coustent rien au Prince."
Il me semble qu'il y a là une idée à creuser...
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Partie I. L'argument du temps libéré
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Un cache-sexe chasse l'autre. Il y a ceux qui passent l'agrégation pour s'instruire, et j'ai dit ce qu'il fallait en penser. Et puis il y a ceux qui disent la passer pour gagner du temps. Je voudrais montrer que cet argument ne résiste pas à l'examen.

A supposé qu'ils aient passé l'agrégation pour travailler moins, on pourrait s'attendre à ce que les agrégés fassent moins d’heures sup (HSA) que les certifiés, et exercent plus souvent à temps partiel. Or, c’est l’inverse qui est vrai. Pour l'année 2003-2004, on dispose des chiffres dans le secondaire : chez les hommes, 4.2 % des agrégés travaillaient à temps partiel contre 6.9 % des certifiés ; chez les femmes, les chiffres étaient resp. de 12.5 % et de 18.2 % ! De même, 34 % des agrégés faisaient plus de 2 heures sup contre seulement 18 % des certifiés !

Cf. note d’information oct. 2004 : les enseignants du second degré : ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/ni0426.pdf

En second lieu, la différence de services entre agrégés et certifiés ne représente jamais que la valeur d’une classe de seconde : soit 3 heures/semaine x 33 semaines ouvrées = moins de 100 heures par an (*). Si l’on considère un agrégé interne qui aurait devant lui 25 ans de carrière, cela signifie que l'agrégation lui ferait gagner 2 500 heures d’enseignement sur l’ensemble de sa vie.

Or, la préparation de l’agrégation interne requiert au bas mot 1 000 heures de travail (à raison de 10 heures/semaine x 50 semaines/an x 2 ans), dont la pénibilité me paraît sans commune mesure avec des heures d’enseignement. Retenons cependant un coefficient de pénibilité de 1.75 (**). La valeur de comparaison de la préparation à l’agrégation ressort à : 1 000 x 1.75 soit 1 750 heures d’enseignement en seconde.

Autrement dit, pour le professeur, 1 000 heures de préparation à l’agrégation ont la même désutilité que 1 750 heures de cours en seconde.

A ce stade, notre agrégé a donc gagné 750 heures (2500 - 1750). Mais il faut tenir compte du fait que les heures de la préparation sont concentrées sur un à deux ans, alors que les heures d’enseignement économisées sont réparties sur 25 ans. Si l’on retient comme taux d’actualisation un taux d’intérêt réel moyen à long terme de 3 %, la valeur actuelle des heures d'enseignement économisées ressort à : 100/1.03 + 100/1.03(2) + 100/1.03(3) + ... + 100/1.03(25). On obtient une suite géométrique dont le résultat est le suivant : 100 x [1/1.03 - 1/1.03(26)] / (1 - 1/1.03) = 1 741 heures.

Autrement dit, pour le professeur, un gain de 2 500 heures de cours étalé sur 25 ans a la même utilité qu'un gain de 1 741 heures de cours tout de suite.

Au final, la préparation à l'agrégation économise 2 500 heures d'enseignement sur une carrière de 25 ans, correspondant en valeur actuelle à un gain de 1 741 heures, pour un investissement immédiat de 1 000 heures, équivalent en terme de pénibilité à 1 750 heures d'enseignement. Gain net : 1741 - 1750 = peau de balle ! On peut compter et recompter, c'est peau de zébi.

Moralité : notre agrégé a perdu son temps s’il croit avoir gagné du temps…


(*) Note : Je ne compte pas la préparation des cours (quand on a préparé le cours d’une seconde, on a préparé l’autre), ni la correction des copies (en deux heures d'un devoir de seconde, on peut corriger un autre devoir de seconde)
(**) hypothèse basse. Pour se faire une idée du niveau de pénibilité de la préparation à l'agrégation, consultez le programme ! http://www.sociens.ens-cachan.fr/agregation_externe2005.pdf

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Partie II. Le mobile du gain
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Comme je pense l'avoir montré dans le chapitre précédent, il n'est généralement pas rentable de passer l'agrégation si l'objectif principal est de gagner du temps. La vérité est qu'on passe le plus souvent l'agrégation pour gagner plus d'argent -- et aussi, sans doute, pour le supplément d'âme et le vernis social que cela confère dans les dîners en ville... Tout le reste n'est que vent et poursuite de vent.

Cela dit, je ne crois pas que le mobile du gain suffise davantage à justifier la peine. C'est ce que je vais à présent m'employer à démontrer...
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"La richesse n'est pas la chose que nous recherchons, car elle est seulement utile et sert une fin autre" (Ethique à Nicomaque, Livre 1). Cette fin autre dont parle Aristote, c'est la poursuite du bonheur. Le grand psychologue William James nous le confirme: "how to gain, how to keep, how to recover happiness is in fact for most men at all times the secret motive for all they do".

Si l'on accepte ces prémisses, notre problème devient le suivant : l'agrégation ajoute-t-elle au bonheur du professeur ?

Hélas ! tout ce qu'on sait de la psychologie du bonheur invite ici au plus grand scepticisme. Au gré des circonstances, notre niveau de bonheur connaît des hauts et des bas, mais il revient toujours plus ou moins à son niveau de base. Un peu comme nous revenons toujours à notre poids de forme. Adam Smith l'a bien formulé : "l'esprit de tout homme retourne, plus ou moins vite, à son état naturel et habituel de tranquillité. Au sein de la prospérité, après un certain temps, il retombe dans cet état ; confronté à l'adversité, après un certain temps, il s'y élève" (TSM, III, 3).

Il suit de là que les évènements malheureux nous rendent moins malheureux qu’on ne l'aurait craint, et les évènements heureux nous rendent moins heureux qu’on ne l'aurait souhaité.

Parmi maints exemples, on peut citer cette enquête amusante de Daniel Gilbert et ses collègues, où l'on voit que les assistants de l'Université du Texas surestiment grandement l’impact sur leur bonheur d’une éventuelle promotion au rang de professeur. Les 33 assistants actuellement en poste estiment qu'une nomination les propulserait à un niveau moyen de bonheur d'indice 5.9 (sur une échelle de 1 à 7) pendant les cinq années suivantes ; par comparaison, les 25 professeurs nommés depuis moins de 5 ans rapportent un indice de bonheur de 5.2, tout comme les anciens assistants recalés il y a 5 à 10 ans...

Source: Daniel Gilbert et al. : Immune neglect : a source of durability bias in affective forecasting, J. of personality and social psychology, vol. 75, n°3, 1998

A l’origine de l'écart entre l’effet prévu et l’effet vécu (l'"impact bias"), on trouve le plus souvent un biais de focalisation (focusing illusion). Le fait de focaliser notre attention sur le changement d’un paramètre de la situation, si important qu'il nous paraisse de prime abord, nous conduit à surestimer son impact sur la situation d'ensemble, et par conséquent sur notre niveau général de satisfaction. "Nothing that you focus on, prévient Daniel Kahneman, will make as much difference as you think".

Pour s'en convaincre, il suffit de répéter chez soi l'expérience passionnante que Kahneman et ses collègues ont réalisée auprès de 1000 femmes actives du Texas. Ils leur ont demandé de découper une journée ordinaire en une succession de séquences, comme dans un film. Pour chacune de ces séquences, elles ont dû noter quels affects elles avaient éprouvés (ennui, joie, peine...), avec quelle intensité (échelle de 0 à 6), la balance des affects positifs et négatifs donnant l'indice de bonheur relatif à chaque activité :

Cf. Le bonheur à portée de tous

Chacun de nous peut de même découper une journée ordinaire de sa vie en épisodes, puis les classer selon la satisfaction qu'il en aura retirée. Arrivé à ce point, le test consiste alors à se demander : combien de ces épisodes sont susceptibles d'être affectés, d'une façon ou d'une autre, par la transition de l'état de certifié à celui d'agrégé ? Je laisse à chacun le soin de répondre, en son âme et conscience, à cette redoutable question...

Sans doute, dans un premier temps, le nouvel agrégé jouit-il de son nouvel état. Il est même probable qu'il y pense tout le temps : en voiture, en se rasant, sous la douche ou sous la couette, ou encore quand il pense, désagrégé, à sa collègue préférée... Et puis le temps fait son oeuvre, et il y pense de moins en moins. Bref, il s'habitue. "When any event occurs to us, explique le psychologue Timothy Wilson, we make it ordinary. And through becoming ordinary, we lost our pleasure".

Au fur et à mesure que le grand évènement se dissout dans l'ordinaire de sa vie, l'attention de notre agrégé est peu à peu redistribuée vers les multiples activités quotidiennes pour lesquelles son nouvel état ne fait aucune différence : regarder la télé, lire le journal, faire la cuisine, dîner en famille, s'occuper de ses enfants, s'occuper de sa femme, préparer ses cours, circuler en voiture, prêter l'oreille aux ragots des collègues...

Conclusion

Adam Smith déplorait la propension des hommes à ne jamais se satisfaire de leur condition : "l’avarice surestime la différence entre la pauvreté et la richesse ; l’ambition, celle entre la vie privée et la vie publique ; la vaine gloire, celle entre l’obscurité et une réputation éclatante". Chaque fois, la déception est au bout de l’expérience, comme en témoigne cette épitaphe, découverte sur la tombe d’un infortuné qui voulut "améliorer une santé tolérable en prenant des remèdes : "J’étais bien, j’ai souhaité être mieux, et voilà où je suis."" [1]

Las ! il n’y a que les moralistes pour voir le bonheur dans le contentement. Le commun des gens est au contraire persuadé qu’une maison plus grande, une voiture plus grosse, un salaire plus élevé, un titre plus ronflant... les rendraient plus heureux. Ils n’anticipent pas l’adaptation. Partant, ils font de mauvais choix. Par exemple, ils passent l'agrégation... Vanitas vanitatum !

Mais si la réussite n'ajoute pas grand chose à notre bonheur, et si un échec peut faire notre malheur, "quel profit trouve l’homme à toute la peine qu’il prend sous le soleil ?" La réponse de l'Ecclésiaste vaut d'être méditée : "Il n’y a de bonheur pour l’homme que dans le manger et le boire et dans le bonheur qu’il trouve dans son travail". Le reste est "vanité et poursuite de vent". La vérité : "Il n’y a pas de profit sous le soleil !"

[1] Adam Smith, Théorie des sentiments moraux (1759), III, chap. 3, op. cit. L’épitaphe exacte est en italien : 'Stavo ben, ma per star meglio, sto qui' (in Joseph Addison, The Spectator, 29 mars 1711).
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Partie III. Les Conquérants de l'inutile

Un collègue agrégé m'objecte : "Encore aujourd'hui malgré les épreuves je peux dire qu'il y a eu un avant et un après l'agrégation. C'est la réflexion immédiate que m'avait faite notre ex-doyen ____ la première fois que je l'avais revu après mon succès, et aucun chercheur de l'Université du Texas ne pourra me prouver le contraire."

Assurément ! mais le tout est de savoir ce qui a changé pour toi, et en quoi les satisfactions de "l'après" suffisent à justifier ou non les "épreuves" endurées...

Tu écris que "l'obtention de l'agrégation t'a donné une qualité de vie supérieure". Peut-être songes-tu au gain en terme de temps libre ? Mais 3 heures de cours en moins, cela représente moins de 3 % du temps de vie éveillé sur une semaine ouvrée, et moins de 2 % en base annuelle... C'est à peu près le temps que je pourrais économiser si je me décidais à faire l'acquisition d'un lave-vaisselle !

Ou songes-tu plutôt au gain de revenu ? Certes, toutes les enquêtes de satisfaction montrent que les riches sont en moyenne plus heureux que les pauvres. Mais la différence n'est pas considérable, et devient franchement mince quand on considère les déciles médians. Qui plus est, le sens de la causalité n'est pas clair : il faut compter avec le "feel-good factor", selon lequel la vie sourit aux gens qui lui sourient.

Mais je vois que tu as fait le test des femmes actives du Texas, car tu t'empresses d'ajouter : "je ne dis pas qu'elle m'a apporté le bonheur"... Je traduit que l'agrégation t'aura apporté "une qualité de vie supérieure", à laquelle tu t'es par la force des choses habitué, mais qu'elle n'a pas ajouté grand-chose à ton bonheur !

Je reprend donc ma question : si l'agrégation n'ajoute pas à notre bonheur, à quoi sert-il de la passer ? qu'est-ce donc qui a changé dans la vie du professeur qui justifie (ex-post) d'avoir passé l'agrégation ?

Pour débrouiller ce point, il n'est pas inutile de consulter les utilitaristes... et les alpinistes, ces conquérants de l'inutile ! Dans les considérations qui suivent, je m'appuierai sur un article de l'économiste George Loewenstein: Because it is there... The challenge of mountaineering... for utility theory, paru dans Kyklos, 52 (3) 1999.

Pourquoi des gens vont-ils escalader l'Everest ou traverser l'Antartique ? se demande l'auteur. Pour le savoir, il a lu les mémoires des plus grands : Maurice Herzog, Mike Stroud, Joe Simpson... Las ! l'expérience qu'ils rapportent est une somme invraisemblable de peine, d'ennui, de crasse, de terreur, de souffrance et de mort.

Le manque de sommeil, le froid mordant, le soleil brulant, le campement sordide, l'épuisement physique, les copains morts (taux de mortalité sur l'Everest : 25 %), et la peur qui ne quittera plus jamais ceux qui en ont réchappé... Jamais de joie. La sérénité des alpages ? L'ascension d'un 8000 n'est pas propice à la méditation ! La beauté de la montagne ? Rien ne ressemble plus à un champ de caillasses qu'un autre champ de caillasses, à un glacier qu'un autre glacier... Même au sommet, la vue est toujours bouchée : les seules choses dont on se souvienne au sommet de l'Everest, ce sont les cadavres et les recharges d'oxygène de ceux qui vous ont précédés ! Alors pourquoi ?

Loewenstein a découvert quatre types de justifications à la conquête de l'inutile :

¤ Le besoin d'estime

L'estime des autres d'abord. Comme l'écrit Mike Stroud, l'homme qui a traversé l'Antartique, à pied et sans assistance : "How much of me wanted to go out and prove myself... to others ? How much of me wanted to revel in admiration and praise ? (...) I sometimes wonder if I was fooling myself and just not admitting that it was the achievement in the eyes of others that mattered. After all, everything we tried was an attempt to be 'first', and if it had been done before, I doubt that we would have bothered with it. This... would seem to hint at a need to impress".

Assurément, réussir l'agrégation est plus impressionnant que réussir le Capes... mais pas autant que traverser l'Antartique...

L'estime de soi ensuite. Mike Stroud poursuit : "The need to impress... does not altogether exclude self-satisfaction as a motive. Doing something first or best can still be for oneself". Quand on ne sait pas trop à quoi s'en tenir sur soi-même, c'est dans l'épreuve que l'on se découvre.

Les plus grandes victoires sont les victoires sur soi-même. Sans doute passe-t-on l'agrégation pour se prouver quelque chose à soi-même...

¤ Le besoin compulsif d'atteindre le but qu'on s'est fixé

Scott Fischer a bien failli laisser sa peau sur le K2. Mais, malgré une épaule disloquée, il est arrivé au sommet. Ce besoin compulsif d'arriver en haut lui coûtera la vie dans l'Everest. De même pour Doug Hansen, qui continua en dépit du bon sens et parvint au sommet deux heures après l'heure limite. Il était possédé par un précédent échec : "it takes hold of his life, and controls his every waking moment. And he came back this year vowing that under no circumstances was he going to allow himself to be turned around again".

Une fois que le montagnard s'est fixé comme objectif de faire tel sommet, il n'est plus question de calcul rationnel. Sans doute en va-t-il de même du collègue engagé dans le parcours du combattant de l'agrégation...

¤ L'exercice d'une maîtrise

Il ressort des enquêtes du professeur Csikszentmihalyi que "les meilleurs moments de la vie n’adviennent pas lorsque l'on est passif ou au repos. Ils surviennent quand le corps ou l’esprit sont utilisés jusqu’à leurs limites dans un effort volontaire en vue de réaliser quelque chose de difficile et d’important." (If We Are So Rich, Why Aren’t We Happy - American Psychologist, Oct. 1999)

De ce point de vue, l’expérience himalayiste est optimale : sauf impondérables, le montagnard est en contrôle ; son engagement est total, au point que la conscience du temps est altérée et que la préoccupation de soi disparaît ; la tâche entreprise requiert au plus haut point compétence, concentration et persévérance. Notre homme est ici dans son élément : "At times like those, raconte Roberts, the mind does not wander, nor does it really think, except to make the almost automatic judgments of route, piton, and rope the climbing calls for..."

Il est toujours plaisant de faire ce pour quoi on est bon. Ainsi, le brillant élève, travailleur infatigable, est-il à son affaire quand il s'agit de préparer l'agrégation. C'est là ce qu'il sait faire de mieux...

¤ Le besoin de trouver un sens à sa vie

"You don't know what you've got till it's gone", chantait Joni Mitchell. Comme le chômeur sait la valeur du travail, le rescapé sait la valeur de la vie. Joe Simpson écrit : "Maybe for the first time I learned in the avalanche exactly what it was to be alive, how precious, and how fragile. There was so much to be lost from a moment's careless mistake but so much more to be gained by knowing the value of life".

Premier homme à 8000, Maurice Herzog y a laissé plusieurs doigts et une partie de son pied, mais l'épreuve lui a appris aussi "à aimer ce qu'il méprisait jusque là" : "une nouvelle et splendide vie s'est ouverte devant moi". De même, l'épreuve de l'agrégation aide-t-elle l'impétrant à prendre conscience de la vraie valeur des choses. Qui, mieux qu'un agrégé, sait la vanité de l'agrégation ?

Bref, il y a bien un avant et un après l'agrégation, comme il y a un avant et un après l'Anapurna. Mais la comparaison a ses limites. De mémoire d'homme, personne n'a jamais dit sur son lit de mort : "Je n'ai qu'un seul regret: ne pas avoir passé l'agrégation" !

56 commentaires:

Anonyme a dit…

je suis certifié et je me suis toujours demandé si je tenterai l'agregation un jour, et bien je ne le sais toujours pas mais en tout cas ce "papier" m'a beaucoup plu et a été tres instructif
tout cela en riant beaucoup
cela étant, il faut peut-être et je dis bien peut être (car je commence dans l'enseignement)
avoir l'agregation c'est peut etre de pouvoir beneficier d'opportunités et sortir un peu du lycée. Je me pose la question (intervenant à l'université, à l'iufm, etc.)
cordialement
un néotitulaire certifié qui est déjà bien "fatigué" d'avoir eu à passer le capes

Anonyme a dit…

Si les agrégés passent le concours pour gagner du temps, on peut s'attendre au contraire à ce que leur nombre d'HSA soit plus élevé !
Vu les rémunérations actuelles, 1 hsa par çi par là, c'est un gain non négligeable, et une pratique courante. Si je suis agrégé, en acceptant des heures supplémentaires, je me hisse au niveau du temps de travail d'un certifié sans Hsa, avec le gain non négligeable, mais en gardant du temps pour autre chose.
Ce raisonnement devrait aussi être intégré dans votre calcul d'actualisation....

Anonyme a dit…

Le bonheur est dans le contentement mais pas uniquement. Se fixer des objectifs, permet aussi de donner un sens à son existence. Préparer l'agrégation peut en être un. Le remplir est surement un peu vénal et orgueilleux mais si on n'y voit qu'un moyen d'améliorer sa situation financière et la volonté d'approfondir ses connaissances disciplinaires, je le touve plutôt louable. Il reste à ne pas y sacrifier trop de temps et d'énergie pour ne pas passer à coté de choses plus importantes.

Un certifié qui peut être tentera sa chance un jour.

Anonyme a dit…

Quid de la jalousie...
Comment y trouver des justifications...

Anonyme a dit…

Bravo pour cette réflexion amusante et qui devrait être prolongée au niveau politique, qui est celui de l'organisation de notre très cher système éducatif. Après avoir démontré la futilité de passer l'agrégation, vous devriez pouvoir conclure à l'inutilité pure et simple de l'existence de l'agrégation. A quoi sert l'existence de 2 concours pour le même métier, prof, si ce n'est à satisfaire ce vieux démon français de la noblesse d'état et de la distinction, qui permet aux élites, tout à la fois de souscrire au mythe français mortifère de l'égalitarisme aveugle et de s'en dédouaner sur le champ au nom de la méritocratie républicaine ? Tous égaux, mais certains plus que d'autres... Gaspillons donc de l'argent, du temps, bousillons la vie des gens à passer un concours supplémentaire, aussi stupide qu'inintéressant, juste pour cette soif inextinguible de domination de l'État sur le peuple. Et puis, plus l'État est morcelé, plus il est difficile de le réformer, et plus les élites peuvent se reproduire en toute tranquilité...
Quand on voit que Bourdieu, à qui j'emprunte le vocabulaire, et qui fut le premier à dénoncer tout cela, a lui-même poussé ses fils à devenir normalien et à passer l'agreg, ça devient désespéré...
mais encore plein de sites comme celui-là et les choses changeront peut-être un jour... (évidemment, je suis aussi contre les grandes écoles, les numérus clausus en tout genre, etc.)

Anonyme a dit…

Certes, mais c'est bien une réflexion de certifié. Un classique, on estime que son niveau ou sa pratique est toujours suffisante (les economistes mathématiciens font trop de maths, les littéraires pas assez etc...), les utres ont un concours inutile (agreg) ou insuffisant (maitre aux titularisé).
le problème ne vient pas de l'agreg mais de ce qu on y demande, bachotage, le pronb vient des modalités de l'examen.il y a bien un ecart de connaissances et de formation continue entre les enseignants et l agreg bien faite ne peux qu'inciter (pour des raisons pécuniaires et de statuts) à travailler, et à progresser dans le fond et la forme. Apres que certains certifs (comme vous) se forment et lisent je n'en doute pas mais donc vous devriez avoir l'agreg, bien faite c'est à dire sans souffrance mais validant vos connaissances...
si vous voulez être certains que les enseignants ne soent plus considérés que comme un bande de médiocres faineants et ignares (cf le debat sur les retraites et leur incompétence économique révélée) alors suprimez l agreg, déjà que la médiocrité et l absence de motivation règne en maître dans le secondaire..

Anonyme a dit…

la question qui se pose est peut-être celle-ci : pourquoi un esprit brillant comme le votre, rédacteur de l'antisophiste (ceci dit sans ironie aucune) ne passe-t-il pas l'agrégation ?
pourquoi refuser plus d'argent et plus de prestige social quand ils sont à la portée de la main ?

Anonyme a dit…

Vous avez oubliez une hypothèse il me semble: le candidat à l'agreg passe l'agreg pour ensuite faire une thése et enseigner en université ou prépa. S'il passe l'agreg c'est bien souvent car ce concours représente souvent le sésam pour obtenir une certaine considération de la part des professeur des université et ainsi obtenir un poste dans une fac.

Anonyme a dit…

L'agreg. je l'ai passée, il y a une douzaine d'année. Ma motivation à l'époque ressemblait plus à celle de l'alpiniste, qui escalade parce que la montagne est là, devant lui. C'était pareil, j'ai voulu la passer parce qu'elle était là, tout simplement.

Unknown a dit…

Misère de l'économisme... Pleuvait-il ce samedi-là? Utilise ton talent,collègue, à d'autres causes...

Anonyme a dit…

Meilleures classes, meilleurs élèves plus motivés, cours plus intéressants.

Effectivement, l'agrégation n'est pas faite pour vous qui visez uniquement plus d'argent ou moins d'heures de travail.

Le filtre est donc très bon, il ne faut surtout pas le changer.

Anonyme a dit…

je pensais être à la hauteur et je l'ai été. Et puis quand on passe un concours, sait-on où l'on peut arrêter l'effort de travail? pensez-vous que le CAPES vous a moins coûté que mon agreg...
de plus étant normalienne, j'avais déjà l'écrit du CAPES, il aurait été temps d'aller passer les oraux en cas d'échec à l'agrégation.
Mais vous, pourquoi ne la tentez-vous pas?
est-ce la perspective de plus gagner ou de passer moins de temps dans votre établissemnt qui vous arrête? ne vous inquiétez pas, on vous proposera des heures sup en conseil d'enseignement que vous serez contraint d'accepter vu la lourde charge horaire de vos collègues certifiés qui vous le rappelleront!
Bref à chacun ses choix et plutôt que jalouser les avantages des autres, tachons de nous mettre d'accord pour faire progresser le statut de tous....

Anonyme a dit…

Ce n'est pas tant l'agrégation qu'il faut supprimer que le CAPES...

Ou bien — je sens que ça va hurler ;-) — réserver le CAPES (bac+3) à l'enseignement au collège et l'agrégation (passée de Master 1 à Master 2, soit bac+5) au professorat de lycée.

thierry le tourangeau a dit…

Salut Claude,
Je te felicite d'être aussi impertinent...
je fais partie des gens qui ont passé l'agreg...parceque çà permet de gagner plus...parceque cà permet de faire des heures supp...mais aussi parceque de toutes façons, j'aurais, comme toi, lu plein de bouquins de toutes façons...alors autant y aller... parceque les études universitaires, bêtùetn cloisnées entre l'éco et la socio, ne m'ont pas permis de faire ce lien entre éco et socio qui me passionne...parcequ'aussi l'épreuve écrite de l'agreg (assez artificielle je l'admet)permet d'aller au maximum de ce qu'on peut faire (alors que les préparations de cours pour les élèves ne le permettent pas, heureusement pour eux)...Enfin parceque çà me permet de faire , pour les élèves, des cours simples avec des anecdotes et des trucs sympas sans qu'on me prenne pour un rigolo parcequ'avec l'agreg j'ai prouvé que je connaissais mes gammes (Ca a peut être changé mais il y a quelques années, tu passais pour un mauvais si tu avais le malheur de prendre des exmples amusants dans tes cours).
Ceci dit, en suivant ta démarche, quand je vois le temps que tu as du passer à écrire cet articles et à faire ces calculs pour prouver que cà ne vaut pas le coup de passer l'agregation, je ne vois pas ce que tu as gagné à le faire.
Cordialement
Thierry le tourangeau

Anonyme a dit…

A Thierry le tourangeau. Pas trop d'accord: préparer l'agrég. ne garantit pas le succès, loin de là. Je l'ai eue aussi cette fichue agrég., mais j'ai loupé lors de la première tentative. Et pour tout le travail effectué, je n'avais rien gagné. C'est dur à dire, mais le lendemain de l'échec, qu'est-ce qui reste, à part une bonne gueule de bois? Ce n'est pas le cas lorsqu'on écrit un blog comme celui-ci, qui fait réfléchir, qu'on admire et qu'on a du plaisir à lire. Et notre collègue peut l'écrire quand il veut, sans stress ni obligations d'horaires. Ce sont 2 démarches tout à fait différentes, les comparer n'a pas trop de sens, je trouve.

Anonyme a dit…

Pour commencer, c'est un article très plaisant qui démontre l'absurdité des calculs d'actualisation et la "mathématisation" des sciences économiques (et sciences sociales dans leur ensemble). Tous ces beaux calculs, qu'on les utilise pour montrer que cela ne sert à rien ou que celà est un gain très important, n'ont aucune pertinence car justement, on peut, en modifiant une variable, leur faire dire ce que l'on veut.
Rien ne remplace l'expérience, la réflexion et le bon sens.

Et comme le suggère votre article, la satisfaction personnelle est quand même, quelle que son son point de départ, ce qui ressort par la suite dans les commentaires : satisfaction d'avoir réussi, satisfaction (même si elle est fausse) d'avoir l'impression d'avoir du temps, satisfaction de pouvoir "prendre des exemples amusants sans passer pour un rigolo", satisfaction de s'ouvrir des opportunités dans l'enseignement supérieur (ouvertes aussi, je le concède, aux certifiés).
Et quand bien même cela relève de la vanité et de l'autosatisfaction, on prend le bien là ou il est !!! Il y a tellement de motifs d'insatisfaction dans ce monde que ça peut faire du bien de se faire un petit plaisir de temps en temps.

Maintenant que j'ai encensé l'agrégation et les satisfactions qu'elle engendre je vais aller dans votre sens. Il m'a manqué 2 points pour etre admis il y a 3 ans, et c'est dans ces moments là; le bec dans l'eau, qu'on s'aperçoit que c'est un concours inutile et qui créé des conditions parfois déplorables dans les lycées en particulier. Il crée des profs "melonneux" parfois (qui ont le melon en bon français dj'eunes), il crée des problèmes insolubles d'emploi du temps et surtout une hiérarchie entre collègue alors que je connais des certifiés bien plus méritants et cultivés que pas mal d'agrégés. On peut en effet avoir l'agregation (externe) qu'en n'ayant travaillé un thème de socio, un d'éco et un de sciences politiques!!! Où est la culture économique et sociale nécessaire à un certifié pour avoir le CAPES?
Beaucoup d'agrégés inscrits en même temps au CAPES échouent à ce dernier car ils n'ont qu'une connaissance partielle des problèmes étudiés.
Je suis donc, vous l'aurez compris, pour une suppression .... du CAPES!! et une harmonisation vers le haut de tous les concours et des rémunérations qui vont avec bien entendu.
Finissons en avec les différences de statuts entre profs. Présentons nous à égalité devant les élèves.

Anonyme a dit…

Après une expérience en entreprise, j'ai décidé de passer le concours d'agrégation en économie et gestion. Cette expérience a été sans doute l'une des plus enrichissantes de ma vie. Je ne m'attendais pas à travailler autant et à endurer une telle pression. Pour moi, l'agrégation représente un challenge que je suis fier d'avoir relevé. J'ai développé ma capacité de travail et mon esprit de synthèse. Pour moi, originaire du Maghreb, ce concours fait la beauté de la France et doit être conservé. Je tiens à dire également qu'il contribue à l'esprit républicain qui a permis à des gens comme Senghor et Aimé Césaire de briller. Avec ce concours, une personne est réellement jugée sur ses capacités. Malgré mes nombreux diplômes, j'ai souvent été victime de ségrégation ouverte dans le monde de l'entreprise. Dans le monde enseignant, je ne cache pas que je suis tombé sur des personnes ouvertement xénophobes (ou du moins ce qui ne se rendaient pas compte des propos qu'elles tenaient). Ça me fait gentiment rire mais aujourd'hui je suis ravi d'être pour la première fois depuis bien longtemps dans une situation où je ne suis pas obligé d'entendre des propos déplacés et de ne pas être viré pour mes origines, pire je suis agrégé donc considéré comme respectable.

Bien sûr, de nombreux certifiés sont extrêmement brillants et la part d'aléa dans le concours de l'agrégation n'est pas négligeable. Néanmoins, je ne pense pas qu'une personne devienne agrégée par hasard. Il est possible de réussir le Capes sur un coup de chance pas l'agrégation.

Anonyme a dit…

Je peux te dire qu'en Belgique, quand tu n'as pas l'agreg, non seulement tu es moins payé, mais tu es article 20. Ca veut dire qu'on ne fait appel à toi que si on ne trouve personne et qu'on t'ejecte dès qu'on a plus besoin de toi, ce qui revient en moyenne à changer d'école 2 à 3 fois par année scolaire. Tu te retrouves à donner des cours sans rapport avec tes diplômes et à faire des trajets entre 2 ou 3 établissements différents pour avoir un horaire complet. Alors oui, il y en a beaucoup chez nous, d'articles 20 qui s'inscrivent à l'agreg alors qu'ils la reniaient quelques années auparavant!

Anonyme a dit…

Le principal problème c'est que c'est vraiment pas cher payer d'être prof.
Il y a quand même un élément à prendre en compte c'est le coté ludique de l'affaire.
Je travail depuis plus de vingt ans dans l'informatique, je compte passer l'agreg de math, c'est un defi, c'est pour ma gloriole, et aussi à mon age je ne vois pas commencer avec le salaire d'un certifié.
Yves M.

Anonyme a dit…

Je LA prépare et LA passe dans quelques jours.
Il ne m'est pas plus pénible de lire un bouquin pour "ELLE", qu'un roman pour moi.
Il m'est plaisant de tenter de mettre en place des problématiques pertinentes selon les sujets. Je m'occupe, m'amuse de cette manière. Le résultat n'a que peu d'importance, j'ai déjà pris mon plaisir!!

Anonyme a dit…

Comme d'habitude, un plaisir à lire ces posts...
Que de références!!!
Mais ce n'est pas la rigueur argumentative qui transperce tes mots!!!!
Tu trouves triplement scandaleux de passer l'agreg...puis finis ton post en notant qu'on peux seulement donner un sens à sa vie...est immoral?
Et les hypothèses, en priorité celle de la pénibilité de préparer l'agreg (il m'est arrivé de la préparer sans la passer!!!), sortent d'une introspection moins hayekienne que strictement personnelle.
Passe sur le reste.
Cela n'enlève rien au plaisir de te lire, un peu comme on lit du Robert Benchley....ouais, c'est de la psychologie de pingouin!!!!!

Tu illustres que l'on peut tout expliquer lorsqu'on est économiste....même si on ne comprends pas!

Bien à vous...

Anonyme a dit…

Bonjour!
Il est vrai que les principales raisons qui poussent les étudiants ou les professeurs déjà en exercice à passer l'agreg ont été nommées dans cet article! L’argent, le prestige, la reconnaissance, un but à atteindre me semble être des raisons tout à fait pertinentes...mais logiques néanmoins !!...et elles sont a 50% les propres raisons qui m'ont poussée personnellement à vouloir passer cet examen après mon master en histoire l'année dernière...Mais pourquoi condamner les personnes désirant passer ce concours ? Pourquoi condamner leurs véritables raisons de vouloir le passer ? Pourquoi finalement s'étonner de leurs véritables raisons ? Cela va de paire avec la dégradation du statut des enseignants...cela va de paire avec le besoin croissant d'argent et cela même si on est de gauche!!!!!
NEAMOINS, la raison qui m'a poussée à 50 autres pourcents et qui n'est pas nommé ici est la suivante :
Mon mari étant d'origine marocaine et désireux de vouloir faire sa vie dans son pays d’origine, il a fallu que de mon côté je m'organise professionnellement...
Dans cet objectif, je me suis renseignée sur les postes d'enseignants dans les structures françaises mais à l'étranger!
Et il s'avère que la sélection pour y enseigner est draconienne! Plus le bagage est bon, plus nos chances d'être sélectionné s'élèvent...suivant cet logique il m'apparaît clair qu'un agrégé sera préféré à un certifié (d’après les dires de collègues enseignant déjà sur place)
J'achève dans quelques jours ma première année d’exercice, j'en suis très satisfaite, grâce à l’agrégation, j'ai également enseigné dans des classes exclusivement Lycéennes ainsi que dans des classes prépa ce qui était mon choix!
Il ne me reste plus que 2 ans à exercer en France pour après j'espère être retenue pour partir au Maroc...
Je souhaite que l'agrégation soit un plus en ce qui me concerne pour ma candidature...

Après...CAPES, AGREGATION...l'important c'est de se sentir bien dans son boulot..et honnêtement quand on est épanouie en travaillant , j'ai envie de dire qu'on s'en " fou " des raisons qui motivent ses collègues à passer l'agreg!:)

Amitié sincère...

Anonyme a dit…

Salut!

Moi je l'ai passé en interne pour le fric. C'est tout. Je ne suis pas particulièrement matérialiste, mais ça me permet de manger bio
:D

Anonyme a dit…

Personnellement, je suis étudiante en Lettres Modernes et compte passer l'agrégation, non pas pour l'argent, mais tout simplement pour pouvoir enseigner en fac. En effet, après avoir subit l'expérience du collège et du lycée, en tant qu'élève seulement, et d'avoir vu à quel point les élèves (et je n'étais pourtant pas dans une zone difficile, loin de là!) n'en avaient rien à f***** de ce qu'on leur apprenait, je ne veux plus y remettre les pieds! Par ailleurs, être professeur à la fac offre plus de crédit si l'on a le désir de se faire éditer, et je trouve dans l'ensemble que c'est plus motivant.
En tous cas ton post me semble un peu...comment dire..aigri! Chacun fait ce qu'il veut après tout et personnellement, puisque j'aime épargner mon temps pour lire et écrire, je n'en aurais pas consacré autant aussi inutilement à rédiger un article pour des choses dont je me moque! ;)

Anonyme a dit…

Mon dieu! Que de frustrations! Je vais préparer ce terrible concours et me transformer en étudiante de droite fière et prétentieuse dès la rentrée prochaine. Ce blog a confirmé mon envie de tenter l'"intentable"!Eh oui,j'ai tout simplement peur de devenir aussi frustrée que vous.

Bon courage!

Anonyme a dit…

Ce blog est marrant et bien écrit mais dissimule le reflet d'une lourde frustration.

Pourquoi l'agreg ? Et bien après quelques années au rang de certifié j'ai troqué:
- 22h contre 19h (avec pondération)
- 2100 contre 3000 euros net/mois
- des 2nde, 1ere et Term contre BTS, Licence et prépas.
- ma frustration contre de la fierté

L'ironie de l'histoire c'est que j'ai simplement relu mes fiches de preparation du Capes... un peu de chance et un zest de bon sens.

Suis-je plus heureux ? Non certainement pas... je reve toujours de devenir menuisier.

En revanche, et j'insiste, le regard de mes collègues est boulversé. Les tapes amicales ont laissé place à des regards fuyants, des messes basses. La jalousie est palpable depuis que la nouvelle s'est répandue... pourtant je n'avais rien dit à personne.
Que dire... rien c'est la nature humaine.

Ma règle est simple : y'a des bons plans, il faut se remuer pour en faire partie. Donc passes l'agreg !... mais en dehors des conditions matérielles ca ne rend pas plus heureux.

Anonyme a dit…

je trouve lamentable ce commentaire!
oui, un agrégatif puis un agrégé doivent remettre en cause leurs pratiques d'enseignement: c'est le but même de ce concours;De plus, c'est un des seuls moyens d'avoir une évolution de carrière décent.
Alors, au lien de cracher dessus, vous feriez mieux de vous y mettre.Je suis sur que si vous l'obteniez, vous changeriez de discours..assurément!

Anonyme a dit…

Nul autant que les non-agrégés ne dénigre ce prestigieux concours !
Pour ma part je me suis délecté des nuits blanches passées à étudier ; j'ai savouré le défi, autant que les (injustifiables ?) avantages que le concours m'a apportés.

Pouquoi avoir honte d'être payé presque autant qu'un prof allemand ou britannique (qui n'a pas passé l'Agrèg!) ?

Marie a dit…

"Scandaleux aussi, parce que cela suppose que les autres collègues ne chercheraient pas à se former. Pauvre de nous ! qui lisons des livres juste pour soi, qui voyons là notre honneur, notre devoir et notre joie. Crétins que nous sommes !"

Il faudra m'expliquer en quoi l'envie de se former d'une autre manière que la tienne -l'agré- suppose que toi, tu ne te formes pas à ta manière!
Pourquoi jeter la pierre sur ceux qui aiment tout simplement ce que toi tu rejettes?

Jalousie, je ne vois que ça...

Unknown a dit…

Que de baratin, que de calculs dignes de Jean-Pierre Pernaud grande période, pour justifier qu'on a simplement pas envie, ou pas le niveau pour passer ce concours...mais je serais bien malhonnête de ne pas dire que j'ai réussi ce concours à 24 ans, sans passer le Capes.
Quand à l'argument de l'argent, il ne résiste pas à l'analyse : je comprends que vous battiez en brèche l'hypocrisie, mais les revenus ne sont vraiment pas les mêmes : je fais 6,5hsa au 9è echelon, suis professeur principal en 5è, et je gagne plus (4264 € nets) que le principal de mon collège qui part en retraite en décembre...
Vive l'agrégation !

Anonyme a dit…

Je suis Agrégé d'Histoire et actuellement Doctorant en Histoire Contemporaine. J'ai passé l'Agrégation afin de pouvoir enseigné dans les Universités.
Il me semble que vous n'avez pas pris cet aspect en compte; beaucoup de collègues souhaitent évoluer vers le Supérieur et cela passe inévitablement par le concours de l'Agrégation...

Enfin, je trouve un petit peu pathétique ce genre de querelles intestines entre Certifiés et Agrégés!

Anonyme a dit…

Mais il faut des sous pour traverser ton cercle arctique; de plus il faut te dire qu'il va falloir travailler bien plus et sans retraite comme c'est parti, il faut réactualiser tout ca mec; de plus je suis le seul agrégé de mon collège : ca fout le frisson 4 matins par semaine mon gars ...

Anonyme a dit…

Je traduis écrit "je traduit", je comprends mieux....

Anonyme a dit…

Et moi, je suis encore étudiante, et je suis joyeusement surprise du nombre de fautes d'orthographes de tous ces agrégés et certifiés ci-dessus !

Allez, des bisous.

Anonyme a dit…

Hahaha, bon, soit, j'ai également fait une faute. Oui, c'est moi, au-dessus.

Unknown a dit…

Cet article est vraiment distrayant ! merci pour celui qui l'a écrit. En tout cas ca me fait réagir. je ne permet pas qu'on dise que passer ce concours est une torture. Parlez pour vous, cela dépend des gens. Torture peut être pour les gens qui n'ont pas envie d'approfondir leurs connaissance, mais pour un vrai passionné, ce concours est une véritable caverne d'Ali baba. je voulais surtout réagir sur l'intérêt que présente l'agrégation. Je suis passionné par ce que j'enseigne. Pour moi plancher a fond pendant 2 ans sur ma passion pour tenter d'avoir ce concours a été un plaisir énorme, c'est même les deux années que j'ai préféré dans mon cursus universitaire. On a apprend de truc, c'est passionnant, et bien plus enrichissant que de passer son temps a se trouver se morfondre sur sa frustration de ne pas être agrégé, et a se trouver des excuses pour ne pas tenter cette belle aventure. Vous devez être comme beaucoup de collègue, aigri au possible. La démonstration mathématique de l'absence de gain de temps est vraiment de mauvaise fois, surtout quand on on prétend qu'un agrégé travail autant qu'un certifié.
On à trois heures de moins de cours, soit une classe de seconde effectivement, soit les conseils de classe en moins, les réunion parent prof, les cours a préparer les copies a corriger. Si on va a l'astérisque écrit plus bas, vous négligez le temps de correction des copies sous prétexte qu'elles peuvent être corrigées pendants un devoir d'un autre classe de seconde. MERDE, c'est con, moi qui pensais corriger mes copie de TS, je vais devoir le faire a la maison. Crack, une heure en plus. Bref, ce n'est pas 3 heures, mais belle et bien plus de 10 heures qu'un agrégé économise par semaine. Pourquoi 10 h? Simplement que je suis à 3/4 temps, travail 11h/semaine et gagne plus qu'un certifié. soit 7 heure de gain/semaine, auxquelles viennent de rajouter la corrections de copies, préparation de cours...etc

Anonyme a dit…

... Vous oubliez ceux qui réussissent l'agrégation sans aucun effort de préparation dont le bonheur est alors double: réussir sans peine et voir les autres souffrir....!!

Utilitariste gaulois a dit…

Bein, moi j'fais du Judo;)

Anonyme a dit…

pathétique prof aigri fainéant mauvaise fois n'aimant pas ce qu'il enseigne, trouvant des excuses bidons pour justifier son incapacité.

Anonyme a dit…

Je suis professeur agrégé (agrégation externe 1999) et mes motivations ont dès le début été :

-d'avoir de meilleures classes
-de gagner plus en travaillant 3 heures de moins que les certifiés

et c'est effectivement le cas. Je ne vois pas pourquoi je m'en cacherais...

Votre billet est inutile, vous avez perdu votre temps au lieu de le consacrer à vos élèves. Ah! N'était-ce pas l'un de vos reproches à l'encontre des collègues préparant l'agrégation tout en travaillant ?

Anonyme a dit…

Suite du mot précédent :

et votre calcul des heures nécessaires à l'obtention de l'agrégation est bien révélateur de votre médiocre puissance de travail.

J'ai passé l'externe après ma maîtrise au bout d'une année de préparation lors de laquelle je n'ai pas cessé de vivre pour autant. 2 ou 3 heures de travail toute l'année avec des pointes à 6 ou 7 heures 2 mois avant les épreuves suffisent largement pour être admis à ce concours qui n'est tout de même pas un Himalaya intellectuel...

Bref, vous êtes bien médiocre...

Le Yadem a dit…

J'ai eu plaisir à lire l'article et l'ensemble de ces commentaires.*
Il en ressort deux choses : certes un peu de jalousie de la part des certifiés, et du mépris de la part des certifiés.
Et puis je peu le dire, j'ai fait le chemin inverse : centralien, j'ai passé le CAPES.
Et à vrai dire je ne regrette rien. Ne plus être entouré de ces vautours d'ingénieurs impétueux, pour qui l'apparat avait plus de valeur...
Agrégé, est une place que je vous envie, et je peux le dire, le CAPES n'est pas l’Himalaya, l'agrég est beaucoup trop dur.
Etre prof au delà des titres est un vrai bonheur.

PS : pour ceux qui veulent passer l'agreg en interne pour changer de vie, je vous conseille de tenter l'AEFE, enseigner à l'étranger, une autre vie, un meilleur salaire, du respect,dans des établissements de prestige sans avoir à bosser des heures durant.

A bon entendeur ...
Collègue enseignants, je vous salue.

Anonyme a dit…

Encore un qui tend à masquer le peu de confiance en lui... ahlala, vive l'agrégation d'histoire!

Anonyme a dit…

L'agrégation est un concours inutile et typiquement franco-français qui permet d'aller enseigner dans le secondaire tout comme le CAPES.
Pauvre France. Deux siècles de retard.
Personne ne connaît ce concours à l'étranger. Il est Bien qu'il n'offre aucune prérogative dans le supérieur il constitue une condition nécessaire pour y candidater! Le comble : on doit démissionner de son agrég pour être MCF! Thésards, agrégés, certifiés, fuyez ce pays.

Anonyme a dit…

J'interviens bien tardivement, mais le sujet reste d'actualité. L'une des meilleures raisons de passer l'agrégation est qu'il est impossible de faire de la recherche (en littérature) sans agrégation -du moins aujourd'hui, ce ne fut pas toujours le cas. L'inflation des doctorats a été telle qu'il a fallu se rabattre sur un critère prouvant que la fac n'engageait pas un demi sel (ce n'est certes pas ma pensé.)aussi a-t-on choisi l'agrégation... C'est malheureux, car dans de nombreux pays la voix "recherche" n'est choisie que par des gens qui sont de réels passionnés (comme moi, humblement). Ils passent par un assistanat peu payé, publient et enfin achèvent leur doctorat (En France on en a fait un diplôme bien moins probant. Une sorte de première version d'une thèse d'habilitation. On n'aura plus "André Gide et les débuts de la NRF" ou "Les sources occultes du romantisme " de Viatte, le merveilleux livre de Le Forestier sur la Franc-Maçonnerie et templière et occultiste au XVIII et XIX siècle, que sais-je encore. La thèse de Jean-Louis Cabanès, capitale pour le XIX. Je regrette qu'il en soit ainsi, je trouve dommageable à l'esprit que pour être un spécialiste de Bloy,Darien,Jarry bref, de la fin de siècle (celle du 19eme évidemment), ou de n'importe quelle période il soit impératif de passer l'agrégation. C'est d'autant plus une honte qu'un très grand chercheur, fort estimé, m'a dit un jour qu'il était obligé de s'ennuyer à lire des thèses d'agrégés qui, n'ayant pas d'idées personnelles réelles, s'engageait dans le jargonneux, baragouinant sur la sémantique ou sur la stylistique. Aujourd'hui, il y a la génétique des textes. C'est la mode qui les guide, pas la passion, pas l'envie de faire redécouvrir un auteur, de montrer d'autres facettes d'un écrivain, d'un mouvement, d'une revue.
Tout à fait d'accord avec le com précédant le mien et qui dit l'essentiel.

Anonyme a dit…

Des fautes dont deux réellement monstrueuses. Je me pardonne la troisième car on en trouve des orthographes différentes -problème du mot à trait d'union.
Ps Au moins, pendant la leçon, ce type de risque n'existe pas.-_-
Restif

Frau Leducq a dit…

Fautes d'orthographe ne prend pas de "s"désolée étudiante qui fait des commentaires sur l'orthographe des agrégés. Tu as du boulot ma belle, avant tout pour réussir il faut beaucoup d'humilité. Je ne suis que la maman d'une nouvelle agrégée qui est plutôt douée en orthographe même si elle est prof d'allemand. Allez sans rancune. Pas de s non plus.

Anonyme a dit…

Et combien de temps pour rédiger cet article ? :-)

Max Granvil a dit…

Je suis certifié depuis 1977 et retraité dans quelques jours. Je n'ai jamais passé l'agrégation ni eu envie de tenter de la passer. Par contre, ayant été TZR pendant de nombreuses années, j'ai eu l'occasion de chausser les bottes d'agrégés en congé-maladie. Dire que j'ai eu l'impression d'enfiler des bottes de 7 lieues serait exagéré. Pour tout dire, la lecture des cahiers de textes de ces collègues de haut-rang m'a rarement rempli d'une admiration particulière.J'en ai déduit qu'un agrégé, c'était avant tout un ex-bon élève, un bosseur "quantitatif", un besogneux… (j'exclus ceux qui officient en prépa: je ne connais pas).
Quant à moi, avec mes méthodes en béton armé forgées en collège, en lycée technique et général, en IUT, en BTS… j'ai la certitude de travailler bien moins qu'eux pour une efficacité au moins égale. Ce que confirment les résultats de mes élèves au bac, comparés à ceux des leurs. Mais quand on kiffe les disserts de 7 heures…

Max Granvil a dit…

Encore un mot, suite à la relecture de ce blog de haut niveau (que je découvre) et de ses commentaires.
Par-delà la rivalité certifiés-agrégés, savamment orchestrée par une hiérarchie qui règne en divisant, je constate qu'un agrégé est en général:
— quelqu'un qui s'agrège à d'autres pour former un agrégat (la "société des agrégés" en témoigne)qui bouscule rarement le "mammouth", dont il est l'enfant sage et doué.
— quelqu'un qui vise toujours plus haut (est-ce le but de l'enseignement?): avoir dans ses classes de "bons élèves", disciplinés, forts en maths et autres… bref des gens qui lui ressemblent. Or ce qui m'enrichit, personnellement, ce sont les gens différents de moi et, s'ils sont mes élèves, j'espère les enrichir en retour.
— ce tropisme vers les sommets chez nos agrégés ne risque-t-il pas de faire naître une expression du type "con comme un agrégé", sur le modèle de "con comme un énarque"?
Je vous laisse réfléchir/réagir à tout ça…

Tiziana a dit…

Cher monsieur,
vous écrivez très bien et cela vous fait honneur...
J'ai passé cette annnée l'agrégation interne et je l'ai eue à ma grande surprise après un an de travail, d'organisation militaire à la maison, avec des enfants encore petits...
Je suis très contente d'avoir franchi ce pas... j'ai trouvé du plaisir dans mes lectures, mes analyses, la découverte de nouvelles approches pédagogiques. Je n'ai presque pas été absente et je peux vous garantir que j'ai assuré mes cours avec le sérieux des années précédentes.
Ma motivation? pas l'argent, pas le prestige, pas la recherche de reconnaissance. Tout simplement l'envie de travailler enfin après des années de galère, sur un seul établissement... eh oui! c'est bien ça! Parce que mon cher collègue, s'il y a peut être des inégalités entre les certifiés et les agrégés il y en a aussi entre les membres du premier corps en question... mais bien-sûr, vous n'abordez pas le sujet....
Cette réussite me permettra enfin de boire le café avec mes collègues à la récré et peut être de savourer différemment mes repas sans le stress de manger à la vite fait et de prendre vite la route pour faire mes 20km.... Quant aux privilèges dont vous parlez...il font partie de la cagnotte et je les prends volontiers! C'est un choix de passer ce concours...respectez ceux qui prennent courageusement cette décision, je peux vous assurer qu'il faut être motivé... Bien à vous, Titi

Anonyme a dit…

C'est dommage qu'il y ait autant de fautes de français dans l'article et dans les commentaires ... Et il n'y a apparemment pas de lien entre ces 'erreurs' et les diplômes ou les concours réussis par les intervenants. Pourtant en majorité professeurs.

Anonyme a dit…

PS au commentaire ci-dessus : en tant que parent d'élève, qui ne connaît pas les arcanes du sujet, je suis à la fois stupéfait et stupéfié par cette constatation. Ainsi que perplexe et, je dois le dire, un peu inquiet quant à la qualité de l'enseignement que peuvent recevoir mes enfants.

Unknown a dit…

Bonjour, je suis candidat à l'agregation interne. Je l'ai raté une fois j'y retourne en janvier. L'article me fait réfléchir. J'ai travaillé énormément, je commence à regretter de m'être lancé dans l'aventure. Ce concours est clairement violent pour les professeurs qui échouent. On peut se demander quel est l'impact de ce concours chez ceux qui ne parviennent pas à l'avoir. Ils ont intérêt à savoir faire preuve de résilience.

Anonyme a dit…

En étant tombé sur cet article un peu par hasard. Très bien rédigé, je réalise qu'il a plus de 10 ans désormais. Et je souris en pensant à l'état de l'enseignement en France et les conditions de travail des profs aujourd'hui. J'aime bien l'idée de la montagne à franchir simplement car elle se trouve devant vous. Car en effet, une fois enseignant, quelles sont les perspectives d'évolutions professionnelles ? Il n y'a bien que l'agrégation pour progresser et offrir un challenge intellectuel suffisant ou des perspectives de carrière perçues comme plus intéressantes quelques soient les motifs (financiers, géographiques, prestige ou autre). Même si vous dénoncez avec justesse les effets pervers engendrés par ce type de concours prestigieux héritier de la tradition d'élitisme à la Française, ils remplissent leur office même si ils paraissent vains comme vous le soulignez.

Mais plus généralement, votre réflexion sur l'agrégation est transposable à beaucoup de concours de la fonction publique dits "prestigieux": beaucoup d'investissement personnel et de sacrifices pour atteindre une excellence théorique et intellectuelle par un entrainement acharné pour en définitive exercer quels types de missions ? Quels types de tâches ? Dans quel lieu ? et avec quels collègues et supérieurs ? Car la dissertation et les notes de synthèse restent des épreuves reines dans les concours, mais si elles permettent effectivement de prouver la qualité de réflexion d'un candidat, curieusement et je le dis sans amertume, dans le métier de tous les jours, on ne se retrouve pas entourés de gens brillants et ouvert d'esprits, eux qui maniaient si bien la Langue de Molière en préparant le concours. Toute la "brillance" s'évanouit comme de la fumée et laisse place à des tâches parfois ingrates et souvent répétitives même dans les professions intellectuelles.

Et encore, pour l'agrégation il y'a une continuité entre le niveau intellectuel atteint et les tâches d'enseignement, mais pour d'autres concours, ce n'est pas le cas et ce décalage entre la théorie et la pratique est encore plus important.

Développer et cultiver des compétences intellectuelles est louable, mais est-ce qu'il est ensuite réellement permis de les mettre en pratique à travers l'exercice du métier ? En période de raréfaction de l'emploi public et d'un chômage de masse, je trouve légitimes les doutes posés par votre article et l'on peut effectivement se demander si "le jeu en vaut la chandelle".

Pour regarder un peu ailleurs, on se demande si cette culture de l'excellence à outrance n'aboutit pas à un certain manque de pragmatisme contrairement aux nations anglo-saxonnes. Et parfois, on peut s’interroger en observant certaines strates de l'administration française sur quel est le ratio réel entre les "penseurs" et ceux qui produisent réellement quelque chose, oui car rappelons le, la réflexion c'est bien, mais seulement si ça précède l'action.

Anonyme a dit…

Pas de souci, alors pourquoi tant d agrégés actuellement veulent rester au collège?...